2019-2020 : L’Allemagne sur les dossiers africains à l’ONU 

L’Allemagne au-devant d’une vingtaine de questions globales impliquant l’Afrique

Sur l’année 2019, lorsqu’on parcourt les « questions dont est saisi le Conseil de sécurité », l’on note bien une forte représentativité du gouvernement fédéral allemand. Ces questions, si elles ont un caractère global, elle touche l’Afrique subsaharienne à plus d’un titre. Il est possible d’y voir une forte dose de multilatéralisme et de bilatéralisme selon les cas.

Souvent, sur la liste des membres du conseil de sécurité représentés au niveau ministériel ou au niveau des chefs d’État ou de gouvernement, l’Allemagne a joué sa partition. En 2019, il est arrivé une fois, le 23 avril que le gouvernement fédéral soit l’unique pays représenté au niveau ministériel. Le sujet sur la table portait sur la question des femmes et la paix et la sécurité.

Sur certaines questions typiquement africaines, l’Allemagne a aussi souvent brillé par son absence. C’était le cas le 11 juin 2020 lorsque le Conseil de sécurité scrute la situation du Mali. L’Allemagne avait pourtant pris la température malienne lorsque ce sujet avait été abordé le 29 mars 2019. Ce même jour, aucun membre du gouvernement fédéral allemand n’était présent sur la situation de la République démocratique du Congo. Sur ce dernier cas, l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire et la France étaient bien représentés au niveau ministériel.

Avec la présence de l’Allemagne comme membre non permanent du conseil de sécurité de l’ONU, le monde a connu de bonnes nouvelles en provenance de la Libye.

En 2020, l’Allemagne en tête sur la situation en Libye

Des questions globales ont retenu l’attention de l’Allemagne après que le Conseil de sécurité de l’ONU s’en soit saisi. Il en est ainsi du maintien de la paix et de la sécurité internationale à 5 reprises au cours de l’année 2020. Le gouvernement fédéral y était représenté au niveau fédéral. Idem pour la question liée à la Protection des civiles dans les conflits armés le 27 mars 2020 en présence outre de l’Allemagne, de l’Estonie, Indonésie, Saint Vincent-et-les Grenadines, l’Afrique du Sud entre autres. Le 11 juin 2020, l’Allemagne n’est pas présente à la question sur le Mali mais est bien en tête des participants sur la situation en Libye le 8 juillet 2020. Le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères est également en deuxième position sur la question des femmes et les questions de paix et sécurité le 17 juillet 2020. L’Allemagne et le Royaume-Uni de Grande Bretagne reviendront au niveau ministériel sur la problématique des femmes et les questions de paix et sécurité le 30 octobre 2020. Sur la liste des 10 pays représentés au niveau ministériel lors de la question sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous régionales le 4 décembre 2020, figure en bonne place l’Allemagne.

Des dialogues informels à l’initiative de l’Allemagne au Conseil de sécurité en 2019

Sur 7 dialogues informels enregistrés au sortir de 2019 à l’ONU, l’Allemagne en a initié un à titre individuel et est partie de deux touchant un pays d’Afrique subsaharienne et de l’Afrique du Nord. Si c’est la France qui initie le premier dialogue informel le 21 janvier 2019 sur la situation en République Centrafricaine, l’Allemagne pense global le 20 mars 2019 lorsqu’elle initie le dialogue participatif informel sur la Paix et sécurité en Afrique (activités de la consolidation de la paix et du Bureau d’appui à la consolidation de la paix au Sahel). Dans le même champ, l’Allemagne est retrouvée aux côtés de la France, Belgique, Côte d’Ivoire, Guinée Équatoriale et Afrique du Sud le 31 juillet 2019 lorsqu’il faut engager le dialogue sur Paix et sécurité en Afrique : Épidémie Ebola en République démocratique du Congo. Bien avant, le 21 mars 2019, quasiment avec les mêmes initiateurs, l’Allemagne aborde la situation du Moyen-Orient (défis communs Moyen-Orient-Afrique du Nord).

L’Allemagne scrute la paix et la sécurité à l’ère du Covid-19

En 2020, la situation sanitaire interpelle l’Allemagne. La preuve est donnée avec l’initiative du dialogue participatif informel via vidéoconférence le 22 juillet 2020 sur l’implication du Covid-19 sur les questions de paix et paix durable dans les pays en conflits affectés. Sur cette année, il s’agit de l’unique dialogue informel à l’initiative de l’Allemagne sur les 6 organisés. Deux des dialogues touchaient spécifiquement les pays africains à l’exemple de celui sur la République démocratique du Congo à l’initiative des USA et présidé par le Viêt-Nam. Sur le Sud-Soudan, le dialogue informel a été organisé à la demande du Burundi sous la présidence de la Belgique.

Heiko Mass, ancien ministre fédéral des Affaires étrangères.
Acteurs majeurs de la présence allemande comme membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU 2019-2020, UN Photo – Mark Garter

Multilatéralisme au sortir des réunions formule Arria à l’initiative de l’Allemagne

Au cours de sa première année au Conseil de sécurité de l’ONU comme membre non permanent en 2019, dans le cadre des  réunions « formule Arria », le multilatéralisme a une fois de plus marqué l’action de l’Allemagne. Dès le 29 janvier 2019, le gouvernement fédéral pose le sujet « quel avenir pour les femmes et la paix dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord : ce que peuvent apporter les plans d’actions nationaux. » Quelques jours après, le 8 février 2019, c’est autour de « l’application du principe de responsabilité dans le cas des violences sexuelles liées aux conflits : un pilier central de la prévention ». En posant de tels sujets, l’on voit bien la situation des exactions sexuelles en Afrique durant les conflits.

Toujours en lien avec l’Afrique, le 13 mars 2019, avec la France, l’Allemagne pose le sujet « Participation des femmes aux processus politiques, en particulier au Sahel » sur la table. Le 1er avril 2019, le couple germano-français est à l’initiative d’un débat sur « protéger les agents humanitaires et le personnel médical ».

Ce partenariat est conforté le 8 avril 2019. Ce jour, Allemagne, France, Guinée Équatoriale et République Dominicaine ont scruté la « feuille de route sur le contrôle des armes légères et de petit calibre dans les Balkans occidentaux : un modèle pour la maîtrise des armements efficaces sur le plan régional ». L’Afrique subsaharienne n’est pas étrangère à ce phénomène. Tout comme le sujet sur « atténuation de la menace des engins explosifs pour la mise en œuvre d’une action cohérente et globale » au centre de la réunion « formule Arria » du 12 avril 2019 avec la présence de la Belgique, la Pologne et l’Allemagne.

Une autre question globale a été abordée le 17 avril 2019 à l’initiative de l’Allemagne, la Côte d’Ivoire, la France, le Koweït et le Pérou. Elle portait sur les « droits de l’Homme dans les opérations de paix ». Ce sens du multilatéralisme a transpiré aussi en 2020 lors des Réunions « formule Arria » où l’Allemagne a pris part comme initiateur ou co-initiateurs de 7 réunions sur les 22 de sa seconde année consécutive au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU comme membre non permanent. En 2020, les questions globales portaient sur les questions de Sécurité, environnement et droits de l’Homme.

Crise humanitaire au Cameroun, préoccupation de l’Allemagne

Sous la formule Arria, en 2019, le gouvernement fédéral allemand a joué sa partition sur la situation du Cameroun. Sans une véritable précision sur la zone. Sauf que, parlant de crise humanitaire, les régions les plus touchées sont dans l’Extrême-Nord, le Nord, l’Adamaoua et l’Est où il est enregistré depuis 2014, les migrations à causes soit de Boko Haram, soit de l’insécurité socio-politique en République Centrafricaine.

Malgré ces causes externes, depuis octobre 2016, l’on enregistre des escalades de violence au Nord-ouest et Sud-ouest, les deux régions anglophones du pays. Les déplacés internes qui fuient les sifflets des balles issues d’armes conventionnelles ou non conventionnelles se retrouvent en forêt pour certains ou encore dans d’autres régions du pays notamment Douala, Yaoundé et Bafoussam. Cette migration est aussi externe, car une bonne frange de la population camerounaise victime de la crise au Nord-Ouest et Sud-Ouest prend la direction du Nigeria voisin. Cette crise dite anglophone présente donc aussi un côté humanitaire. Paul Biya, le président de la République a d’ailleurs, à plusieurs reprises décidé des mesures d’assistance dans ces parties du pays considérées pour certaines comme zone économiquement sinistré.

Le 13 mai 2019, la question de la « crise humanitaire au Cameroun » a été portée au Conseil de sécurité de l’ONU par l’Allemagne, les États-Unis d’Amérique, la République Dominicaine, le Royaume-Uni de Grande Bretagne. Sur les quatre pays initiateurs, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont un passé historique avec le Cameroun. Particulièrement, dans la région du Sud-Ouest, l’Allemagne y avait installé son administration centrale après son protectorat de 1884. La Grande-Bretagne y prendra le relai au lendemain de la Première guerre mondiale.

Entre 2019 et 2020, l’Allemagne a permis la définition d’un nouvelle mission de l’ONU au Soudan

L’Allemagne au cœur d’une nouvelle mission de l’ONU au Soudan dès 2021

Il faut s’adapter aux situations précises sur le terrain. C’est le sens de la mission de l’ONU au Soudan au lendemain de la chute du dictateur Omar el-Béchir. La Mission de paix conjointe des Nations Unies et de l’Union Africaine au Darfour (MINUAD) est désormais caduque. Elle est remplacée par la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS). Il s’agit donc d’une mission de démocratisation du pays. Pour cette raison, l’on peut comprendre pourquoi l’Allemagne soutient ce processus. Dès juin 2020, « l’Allemagne et le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres ont organisé une conférence de partenariat sur le Soudan afin de mobiliser un soutien politique et financier. Aux côtés du Royaume-Uni, l’Allemagne s’est engagée en faveur d’une nouvelle opération de l’ONU au Soudan » écrit les services diplomatiques de l’Allemagne à Paris, faisant le bilan des deux années du gouvernement fédéral au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.

Cette nouvelle mission commence d’ailleurs à imprimer ses marques. Sur les sites de l’ONU, un poste était d’ailleurs ouvert sur la période 26 janvier au 9 février 2021 pour la transition au Soudan. Il s’agit d’un agent en charge des affaires électorales. Les 09 responsabilités inscrites à ce job description ont pour finalité la restauration de l’ordre politique au Soudan à travers un processus électoral démocratique.

Pistes de solutions allemandes en Libye entre 2019 et 2020

Jusqu’en 2019, « les bonnes nouvelles en provenances de la Libye étaient rares ; cependant, depuis récemment, les lueurs d’espoir se multiplient » écrit l’ambassade d’Allemagne à Paris. Pour soutenir cette position, les responsables diplomatiques convoquent l’action du gouvernement fédéral au cours de l’année 2020. Tenez, c’est au cours de cette année que Angela Merkel, la chancelière a organisé la tenue de la Conférence sur la Libye à Berlin.

Autour de la table, les principales parties en conflit. Au final, un processus politique inter libyen a été afin de mettre fin à l’ingérence extérieure. L’action de l’Allemagne en faveur de la Libye a été réaffirmée en février 2020. « En assumant la présidence du comité des sanctions pour le suivi de l’embargo sur les armes de l’ONU en Libye et avec l’opération de l’UE IRINI, l’Allemagne a contribué de manière importante à la mise en œuvre concrète de l’embargo sur les armes. Désormais, un cessez-le-feu est en vigueur dans toute la Libye » se félicite la représentation diplomatique allemande à Paris au terme des deux ans de présence du gouvernement fédéral au conseil de sécurité comme membre non permanent. Et de conclure que depuis novembre 2020, des négociations en vue de l’organisation des élections en décembre 2021 se poursuivent entre les parties en Tunisie.   

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