Dr. Stéphane Kenmoe: « Nous pouvons garder notre culture et être en phase avec l’évolution de la science et de la technologie »

Vous êtes le promoteur d’une initiative baptisée « Science dans la cité ». Pouvez-vous nous en donner les contours ?

C’est une série comique et à but didactique. Elle vise à ramener la science à la portée de tous par le canal du cinéma.

Les premières images dévoilent des actrices et acteurs pas toujours issus des laboratoires de physique, de chimie, d’astrologie etc. Comment s’est opérée la scénarisation ?

Pour une première saison, on n’a pas voulu brusquer les choses. Puisque l’objectif était de ramener la science à la portée de tous, on a voulu aller graduellement, amener progressivement le téléspectateur à comprendre dans un premier temps l’univers des applications de la recherche scientifique et de l’innovation, et ensuite l’atmosphère des laboratoires qui n’est pas si joviale que ça.

Vous avez sans doute pour ambition de ramener la science au niveau du citoyen ordinaire. Quelles sciences allez-vous mettre en évidence ?

Les sciences fondamentales aussi bien qu’appliquées : physique, chimie, biologie, sciences des données, mathématiques et bien d’autres.

Il est souvent reproché à l’Afrique la non-exploitation des fruits de la recherche scientifique de ses chercheurs sur le continent. Quelle place va occuper les productions scientifiques sur le continent africain et celles des Africains de la diaspora ? 

Je dirai une place prépondérante parce que plusieurs innovations ou recherches scientifiques abordées dans la série sont celles d’africains, camerounais locaux ou de la diaspora.  Une façon justement de mettre en lumière la recherche pour l’Afrique et par les Africains.

Parlons de la réception de votre initiative par les instances de décisions. Commençons par le Cameroun votre pays d’origine. « Science dans la cité » a- t- elle déjà atteint les sphères décisions au sein du gouvernement, dans le milieu universitaire, au sein des entreprises ?

Ce que je peux dire sur ce point est que la représentation diplomatique du Cameroun en Allemagne, par le truchement de son service culturel est au courant et a bien accueilli l’idée et le projet derrière. Concernant le milieu universitaire je dois dire que nous avons été reçus à AIMS Cameroun et je profite ici pour remercier ses dirigeants qui ont pu cerner les contours du projet et nous encourager. Au sein du gouvernement camerounais je ne pourrai rien dire et je pense que le projet fera son chemin comme un courrier à la poste et parviendra à qui de droit par la force de la conviction.

Comment réussir à fédérer une sorte de production qui touche l’ensemble du continent africain ? Quelles stratégies mettez-vous en place ?

Déjà pour toucher tout le continent il suffit simplement d’aborder des thématiques qui touchent toutes les zones d’Afrique, tels que l’énergie, l’agriculture ou encore la santé. Et c’est ce qui a été fait. Aussi, il y a les décors, paysages, accents des acteurs et même les tenues vestimentaires qui d’une façon ou d’une autre, rappellent que nous sommes en Afrique, bien que ce soient des notions de science et technologie assez pointues qui soient abordées. Une façon de dire que nous pouvons garder notre culture et être en phase avec l’évolution de la science et de la technologie.

Voir un universitaire, physicien de surcroit entrer dans le cinéma, est-ce la chose la plus aisée pour vous ?

Je ne dirai pas que ça a été aisé mais plutôt facilité par le fait que les choses se sont passées en équipe. Chacun apportant sa pierre à l’édifice, de l’émetteur d’idées que je suis aux acteurs en passant par le scénariste et les techniciens. Le fait que nous avons tous épousé la vision derrière la série, qui est celle de ramener la science au niveau du citoyen lambda, a considérablement facilité l’implémentation des idées et concepts, bien que la grande majorité de l’équipe ne soit pas scientifique. Aussi, il ne faut pas oublier que le cinéma avait été créé pour vulgariser la science. On a souvent tendance à l’oublier.

Martin Poulibé, l’une des vedettes de la Série Science dans la cité

Produire nécessite un investissement particulier afin d’obtenir la qualité en termes de prestation des actrices et acteurs, mais aussi de la qualité du film produit … Qui vous accompagne dans les charges liées à la production de « Science dans la cité » ?

C’est vrai que produire n’est pas du tout facile. Et depuis que je me suis lancé dans la production j’ai du respect pour tous les producteurs. Il faut dire que pour cette série je me suis mis pratiquement seul, à 90%. Je suis satisfait de la qualité du film et je profite de cette tribune pour remercier les techniciens et acteurs. J’aimerai aller de l’avant mais cela nécessite beaucoup de fonds et les retours sur investissements ne se font pas du jour au lendemain. Donc je reste ouvert à toute collaboration.

Le public africain est particulier, diversifié par la langue par exemple… Quelles sont les stratégies mises en place pour assurer une diffusion harmonieuse sur l’ensemble du continent ?

Justement la version anglaise de la série existe déjà puisque la série a été traduite en anglais. Ceci a été fait afin d’assurer la diffusion dans les zones anglophones d’Afrique qui il faut le dire ont une culture des sciences plus grande.

Est-il possible de trouver « Science dans la cité » au cinéma, à la télévision ou des DVD ou téléchargement payants sur internet… Quel sera le canal de diffusion par excellence ?

Science dans la cite est déjà au cinéma puisque nous avons déjà fait plusieurs diffusions à travers l’Afrique, Brazzaville, Cotonou et le centre culturel français de Ouagadougou a accueilli Science dans la cité le 10 février 2021. On retrouvera aussi la série très bientôt à la télévision et en téléchargement payant notamment en VOD.

Entretien avec Pierre Nka

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