Sygercam 2019 : Les Camerounais d’Allemagne suscitent 14 vocations lors des dernières auditions du Bantou Award
Mercredi 11 décembre 2019 a été la dernière chance donnée aux porteurs de projets pour présenter leurs besoins techniques et financiers. Tous savent qu’il est possible de gagner 3 millions FCFA dans le cadre de l’initiative Bantou Entrepreneurial Award dans la cadre du forum d’affaires « Synergies germano-camerounaises » rendu à sa 3ième édition. D’autres misent sur l’idée du cluster qui permettra de restructurer certains projets avant de trouver des financements en Allemagne sous l’impulsion de la diaspora camerounaise.
Pour y parvenir, la troisième journée des auditions a vu défiler des vocations, des visions jeunes mais aussi portées par des dames d’un certain âge qui brûlent de transmettre leur technique à la nouvelle génération. C’est le sens du premier passage d’un groupement de femmes basé dans la commune de Yaoundé 5. Elle est spécialisée dans la transformation artisanale du cacao pour en faire du chocolat. Mais, par la suite, elle a découvert plus de rendement dans la production du beurre et de la poudre de cacao. Sauf que son activité reste essentiellement manuelle. Elle a besoin de machines mais aussi de partenaires pour investir dans l’emballage. Elle a été élue miss femme rurale en 2010. Son certificat de l’Organisation africaine pour propriété intellectuelle (OAPI) a consigné son savoir-faire.
Au deuxième passage, une sœur religieuse catholique est à la recherche d’un accompagnement pour le projet agroalimentaire notamment dans la transformation du miel et de ses dérivés. Devant le jury, elle a présenté quelques réalisations de l’apiculture biologique à partir de l’extraction du miel d’Oku, du nom du plus haut sommet après le Mont Cameroun dans la région du Sud-Ouest. Elle entend passer à une étape supérieure par la production d’un miel dans la région du Centre du Cameroun où elle réside depuis 4 ans. Comme le premier exposé, la sœur religieuse est soucieuse d’une commercialisation à travers d’une technique biologique du miel.
À près le tour de ces « mamans » à la lisière du troisième âge, un jeune est venu devant le jury avec l’idée de projet de production des cure-dents. Son entreprise n’est pas encore créée. Il espère avoir des machines pour transformer les bambous de Chine est cure-dents.
Une autre jeune a un programme télévisé dénommé « Le bon citoyen ». Il est question selon la promotrice d’assurer un retour vers la consommation du made in Cameroun. Le projet est sur le papier depuis 2011. Il est question de chercher une télévision pour la diffusion de la première émission qui est déjà tournée. La présence au Sygercam 2019 vise à obtenir des équipements pour une production audiovisuelle régulière.
Un ingénieur en maintenance industrielle et productive veut se lancer dans la production du piment dans l’arrondissement de Dang, région de l’Adamaoua. Il a fait des études de marché tant au niveau national qu’au Nigeria notamment sa partie frontalière avec le Cameroun. Après sa démission dans une entreprise, il a engagé une formation dans la culture maraichère dans la région du Littoral. Il a pour ambition de débuter sur 1,5 hectare et a besoin d’un fond de roulement pour entamer son activité.
Dans la vision des jeunes se trouve la production de sirop à base d’agrumes locaux. Il s’agit de faire une différence avec l’abondance de jus naturel sur le marché. Le sirop est plus concentré et énergétique. La production est faite sous le couvert d’une coopérative en attendant la création d’une entreprise autonome dès 2020. La clientèle est recherchée de bouche à oreille même si deux points de commercialisation se trouvent dans la ville de Yaoundé. Le représentant d’une équipe de 4 jeunes espère obtenir un financement pour l’achat des équipements plus adaptés au broyage, à la pasteurisation ainsi qu’à l’emballage du produit final.
Une infirmière, environ la cinquantaine est à la recherche des financements. Elle a découvert le filon de la fabrication du savon liquide après de multiples formations. Elle a enregistré son processus de production à l’Organisation africaine pour la propriété intellectuelle (OAPI). Elle vise à réduire le chômage des jeunes filles et garçons mère et père. La cosmétique s’associe à la teinture des tissus.
Elam Energy tient à mettre sur le marché des power-banks. La conception est déjà achevée rassure la jeune en opération de séduction du jury des Bantou Entrepreneurial Award. Il est question pour Elam Energy d’aller au-delà des produits disponibles sur le marché. C’est ainsi que les groupes électrogènes consommateurs de carburant seront remplacés par des groupes électrogènes fonctionnant grâce à l’énergie solaire. Si le prototype est déjà achevé au Cameroun, il est en cours de fabrication à grande échelle en Chine pour une mise sur le marché dès 2020. En attendant, il faut sortir de l’espace coworking où est logée l’entreprise. Il faudra aussi penser à la construction d’un entrepôt pour stocker les équipements.
Réduire l’importation du poisson. C’est l’objectif d’un porteur de projet engagé depuis octobre 2018 dans la production du poisson d’eau douce. Financier de formation, il a recruté du personnel pour l’accompagner dans ses étangs hors sol. Lui-même a bénéficié d’une formation dans un programme logé au ministère camerounais de l’Élevage. Son problème majeur c’est l’aliment du poisson. Il mise sur l’importation à partir du Nigeria. Il a déjà commercialisé 650 tonnes de poissons. Pour le mois de décembre 2019, le porteur de projet espère mettre 400 tonnes sur le marché camerounais.
À sa suite un autre jeune veut faire un trois en un. Poisson, porc et production d’asticot pour l’alimentation. C’est à l’image d’autres projets présentés le second jour de l’audition des Bantou Award. A la seule différence qu’il est possible de produire du biogaz et surtout ramené le coût du kilogramme de poisson d’eau douce à moins de 2 000 FCFA contre 2 500 FCFA pratiqué actuellement sur le marché. Dans le système d’élevage, la porcherie sur pilotis cohabitera avec les étangs de poisson.
Mag Mady est dans le secteur de la production et commercialisation des produits dérivés du soja. Le business va des brochettes, du pâté, lait de soja et autres variétés sur commande. La demande s’avère très abondante mais, il devient difficile de répondre à cause des techniques artisanales de production. Lors des foires de multiples commandes sont passées mais après, il devient difficile de répondre au besoin. L’unité de production est aussi devenue le lieu de pratique des étudiants de plusieurs institutions de formation professionnelle en plus des formations à la carte.
Une idée de projet d’une ferme agro-écologique germe aussi dans la tête d’un autre porteur de projet. Il mise sur le bio après avoir donné son savoir-faire à plusieurs particuliers au Cameroun. Face aux changements climatiques, le jeune porteur de projet entend sur 5 hectares donner des aliments sains aux populations afin de sauver des vie par la réduction du taux de cancer.
Ounkoun. Voilà le nom d’un centre commercial en ligne. Il est lancé depuis quelques mois. Le porteur de projet, doctorant en informatique a une stratégie particulière : se concentrer sur Yaoundé et Douala. Avec le développement du business, il pourra étendre son activité dans les autres régions du Cameroun avec l’appui des agences de transports interurbains. Rien ne semble prêt à décourager ce porteur de projet même si vous lui rappelez la mise en veille des activités au Cameroun de Jumia, le géant du e-commerce.
La clôture des auditions dans le cadre du Bantou Entrepreneurial Award 2019 a été faite par un jeune aux ambitions qui donnent le tournis au premier venu. Il est engagé dans la production des jus naturels de qualité supérieure. Il a d’ailleurs soumis les membres du jury et l’assistance à la dégustation de ses créations. Après une bonne décennie hors du Cameroun, le porteur de projet est un vendeur qui veut mettre sur pied un projet dont il a la maîtrise de l’ensemble du processus de la chaîne. Accompagner la production des fruits, produire les bouteilles pour l’emballage, transformer et commercialiser. Des points de vente seront créés et il ne restera qu’au consommateur de remplir son ancienne bouteille vide dans un supermarché. Le montant en milliers de dollars a laissé le public et le jury ouverts à d’amples explications du promoteur de projet jusqu’à 21 heures, mercredi 11 décembre 2019 dans la salle principale de la Chambre d’Agriculture de Yaoundé.
Pierre Nka
